Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

photo du journal web info
photo du journal web info

Ce n’est un secret pour personne, en Belgique, les ralentissements débutent traditionnellement vers 6h30 par l’encombrement des autoroutes de Flandre. Suivent l’E429 depuis Tournai, l’E19, l’E40 et l’E411. Toutes en direction de Bruxelles. Les files peuvent prendre des proportions anormales en cas d’accident, principalement avec des camions et le long des chantiers fortement accidentogènes. Au point d’avoir nécessité le lancement d’une campagne "Un chantier, levez le pied " de l’IBSR. Parce qu’en Belgique, le transport vers le travail s’effectue encore et toujours en voiture, et le plus souvent avec une seule personne dans l’habitacle.

Perte économique pour Bruxelles : un demi-milliard d’euros

En juillet 2013, dans son livre blanc de la mobilité, la Chambre de commerce bruxelloise (Beci), avait estimé le coût annuel des embouteillages à 511 millions d’euros par an. Un coût global "tout compris", intégrant l’usure des infrastructures, les pertes pour les entreprises, l’impact sur l’environnement et le temps perdu dans les files de voitures. L’OCDE évalue la perte financière liée aux embouteillages dans un pays à 1%, voire 2% du PIB.

Et la Belgique ne fait pas exception, comme l’explique Xavier Dehan du Beci. "La Belgique est un pays très dense et situé en plein cœur du réseau européen. Si on diminuait de 10% le nombre de véhicules, on réduirait les embouteillages de 40%. ".

Mais en contrepartie, il faudrait doubler les investissements annuels en infrastructure et donc passer de 5 à 10 milliards d’euros. Des montants notamment nécessaires pour accroître les cadences de train, métro et bus.

Belgique, championne du monde des embouteillages routiers

S’il est un record dont on se passerait, c’est bien celui-là: notre pays est reconnu comme le plus embouteillé de la planète. Selon le site américain Inrix qui répertorie les embouteillages dans le monde entier, la Belgique demeure le pays le moins mobile de ce côté-ci de la galaxie. Au rayon des pays les plus congestionnés, la Belgique occupe la première place avec un indice Inrix de 20,2 pour l’année 2014. Nous damons largement le pion à la Grande-Bretagne (16,5), aux Pays-Bas (15,8) à l’Italie et au Canada. La France et l’Allemagne, pourtant réputées pour la richesse de leurs encombrements se situent en 7ème et 8 ème positions. Un peu de baume tout de même: sur une période de 4 ans, on constate une baisse des embouteillages, la pire des situations ayant été relevée en 2011.

Sur base des données de 2013, dernière année permettant de disposer de tous les résultats, Les pires endroits de notre pays se situent (en longueur de file), chaussées de Haacht et de Waterloo: 21 km, Zellik (32 km) et Grand-Bigard, mais aussi de Jemeppe à Liège (29 km) . Avec des retards qui peuvent culminer, selon les endroits, à 91 minutes sur le ring entre Zelik et Woluwe Saint-Etienne.

De l’accumulation des données du trafic depuis 2007, le site américain constate une augmentation de la congestion du trafic européen pour la première fois en deux ans. Et en déduit la preuve d’une reprise économique.

58 heures à la poubelle

Tous ces chiffres et tendances cachent une réalité bien tangible pour l’automobiliste: une colossale perte de temps. Et à tout seigneur tout honneur: chaque Belge a perdu 58 heures dans les embouteillages en 2013, contre 44 pour les Hollandais qui nous suivent à la deuxième place européenne. Allemands et Français ont perdu 35 heures. Et à la 13ème place, le portugais limite la casse avec 6 heures perdues sur toute une année.

La situation est encore pire à Bruxelles, qui, elle aussi, remportait la palme de la métropole la moins (auto) mobile il y a quelques jours encore. Sa première place européenne en 2013 lui a assurée la perte de 83 heures dans les embouteillages. Les derniers chiffres créditent la capitale européenne de 77 heures brûlées sur le macadam.

Notre pays est encore représenté à la 10ème place des villes congestionnées par Gand (55 heures perdues), juste au même niveau que Paris. Charleroi termine le " top 20 " avec tout de même 20 heures perdues en moyenne. A noter, également que l’automobiliste belge perd 10 heures de plus que son confrère américain.

Embouteillage et chômage

Le site Inrix a tenté d’établir un parallèle entre les files et le taux d’emploi. La tendance générale est que les embouteillages sont moins nombreux dans les pays à fort taux de chômage. C’est le cas pour l’Irlande, l’Espagne, la Hongrie et le Portugal qui affichent entre 11 et 26% de chômeurs. Mais cette corrélation ne se vérifie ni pour la France (3ème mauvais élève de la mobilité automobile) avec près de 11% de chômeur. Et pas d’avantage pour la Belgique qui a le réseau le plus encombré d’Europe malgré un taux de chômage de 8,6%.

Une consolation tout de même : C’est le système routier de Los Angeles qui est le plus perturbé de tous, " y compris la France, l’Allemagne, la Belgique et les Pays-Bas ", précise le site.

Le Belge a une voiture à la place du caddy

Une nouvelle étude commanditée, cette fois, par le manufacturier Good Year évoque la "frustration des belges" en matière de circulation automobile. Preuve que la voiture fait partie de notre ADN, nous sommes 84% à posséder une voiture, contre 76% chez nos voisins hollandais. Le conducteur belge se distingue encore de son voisin batave par l’usage intensif de la voiture pour faire ses courses.

C’est sur la thématique des "problèmes rencontrés par les automobilistes" que le Belge se montre le plus volubile. En tête de ses critiques surgissent, la présence de travaux et le mauvais état des routes. Les embouteillages ne viennent qu’en 3ème position. " Aux Pays-Bas, les causes des frustrations et comportements agressifs sur la route semblent provenir principalement du comportement d’autres usagers, alors qu’en Belgique, la source de ces frustrations se situe plus souvent au niveau des infrastructures", commente Greet Willekens de Goodyear.

Les Belges se déclarent plus souvent frustrés sur la route que les Néerlandais. Et, pessimistes, ils s’attendent à ce que ces problèmes ne fassent que s’aggraver. Ils n'ont peut-être pas tort.

Bouchons structurels : aux heures de pointe, tout est dans le rouge

Notre conseil: partez le vendredi et revenez le lundi

Au centre de trafic Perex, David Godfroid ne dispose pas de données statistiques, mais constate, depuis deux ans, l’apparition des embouteillages structurels. Une jolie formule pour désigner ceux qui se forment systématiquement. "Sur le ring et dans les tunnels, on ne mentionne plus, sur les ondes de l’info trafic ces ralentissements devenus quotidiens. Les autres embouteillages traditionnels sont liés à des événements comme les conseils européens, ou les grands salons du Heysel. "

Même si chaque automobiliste en a la connaissance intuitive, tous les jours de la semaine ne sont pas égaux devant l’embouteillage. Passons sur le week-end, en principe plus fluide, pour constater que le trafic automobile du lundi est l’un des plus denses le matin, mais le plus rapide en fin de journée. Le vendredi, la situation est totalement inversée. Au niveau européen, les statistiques des mardis, mercredis et jeudis sont totalement identiques, avec des pics de trafic vers 8H45 le matin et 18h le soir. En Belgique, on constate pourtant des situations plus complexes les mardis et jeudis. Le télétravail pourrait en être l’une des causes, de même que les longs week-ends vers le mois de mai.

Et demain ? Ce sera peut-être pire

Le livre blanc de la mobilité rédigé en 2013 par le Beci prévient que la demande de mobilité ne va pas cesser. "Depuis 5 ans, c’est la crise en Belgique, explique Xavier Dehan, mais la demande en mobilité continue de croître ". Selon le bureau du Plan, en 2030 la croissance en mobilité des personnes aura augmenté de 22% (principalement en loisirs) et la demande de transport de marchandises pourrait augmenter de 64%.

Comme pour les pensions et l’environnement, il faudra bien un jour se décider à relever le défi de la mobilité. Et plus encore si, comme tout le monde l’espère, l’économie retrouve le chemin de la croissance.

Tag(s) : #info du jour, #ibsr
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :